The speakers > Thibault Sylvie

Au cours des vingt dernières années, plusieurs chercheurs et intervenants se sont intéressés aux questions liées à l'homophobie et à l'hétérosexisme chez les jeunes. De ces études, certaines ont documenté le point de vue de jeunes de minorités sexuelles (Poteat, 2007). D'autres ont mesuré l'impact des expériences de victimisation vécues par ces jeunes sur leur cheminement scolaire (Tharinger, 2008) ou ont exploré les liens entre l'homophobie et le suicide (Dorais et Lajeunesse, 2000). En outre, quelques chercheurs se sont intéressés aux pratiques de lutte contre l'homophobie (Graybill, 2009) principalement en documentant les divers programmes offerts dans les milieux jeunesse (Walls et al., 2010). Qu'importe leur provenance, les études rapportent toutes que la situation atteint son paroxysme à l'école secondaire. L'étude de Chamberland et ses collègues (2011) révèle que la violence homophobe touche au secondaire près de quatre élèves sur dix de toutes orientations sexuelles.

Ces travaux s'inscrivent dans un contexte où les questions liées à la diversité sexuelle et à la lutte contre l'homophobie ont obtenu récemment la reconnaissance de l'État québécois révélée dans la Politique québécoise de lutte contre l'homophobie (Gouvernement du Québec, 2009). Or, peu d'études canadiennes se sont attardées aux pratiques sociales de lutte contre l'homophobie. La recension des écrits à ce sujet indique que les pratiques innovatrices émergent souvent par nécessité des milieux scolaires et jeunesse, puisque les programmes de prévention et de sensibilisation organisés y sont parfois peu accessibles ou méconnus (Thibault, Chouinard & Lavoie, à paraître). Il peut s'agir d'initiatives du personnel enseignant (Lee, 2002), de collaborations avec les milieux associatifs (Conseil permanent de la jeunesse, 2007) ou de politiques institutionnelles (Maher et al., 2009).

À la lumière de ces différents constats, on peut penser que l'absence ou la rareté des ressources vouées à la diversité sexuelle en région puisse conduire certains acteurs sociaux impliqués dans les milieux jeunesse à mettre en place des initiatives originales dans le but de sensibiliser les jeunes ou de contrer l'homophobie dans leur milieu. Cette communication présente les résultats d'une étude qualitative réalisée auprès de onze intervenants et enseignants (n = 11) issus d'une région non métropolitaine au Québec, Canada (Thibault, Lavoie & Chouinard, accepté). Cette démarche exploratoire a permis de documenter leur point de vue et d'identifier les facteurs qui favorisent l'émergence des pratiques de lutte contre l'homophobie et ceux qui les inhibent. Les stratégies de sensibilisation développées par le personnel scolaire sont décrites, à travers la variabilité des collaborations établies entre les écoles et la communauté, particulièrement les alliances entre les milieux scolaires et associatifs. Des pistes de recherches futures et les implications pour la pratique sont également discutées.