La question des violences entre élèves en milieu scolaire est aujourd'hui une préoccupation centrale des institutions éducatives et des pouvoirs publics. Dans ce colloque, la question sera abordée en lien avec une problématique de genre.
3-4 oct. 2013 Lyon (France)

Les intervenants > Salaméro Emilie

Vendredi 4
3.A. Corps et genre, le sexuel au centre
Natacha Carbonne
› 11:20 - 11:40 (20min)
› H020
"Masculinité hégémonique et rapports de domination : le rôle de la socialisation corporelle dans les interactions entre pairs au sein de la cour de récréation"
Emilie Salaméro  1, *  
1 : Laboratoire Prissmh-Soi (Toulouse III)
*
* : Auteur correspondant

L'enquête de type ethnographique menée auprès d'une classe de CM2 sur l'année
2011-2012 a permis d'étudier les interactions entre élèves au sein de la cour de récréation.
Prenant part à un projet de recherche financé par l'Agence Nationale de la Recherche1 sur le
rôle de la socialisation corporelle dans la construction du genre d'enfants de différentes
catégories d'âge, notre étude s'est focalisée sur le rôle des pairs et des pratiques ludiques dans
la construction des identités sexuées, dans l'espace-temps particulier que constitue la cour de
récréation. Nos observations ont révélé la prégnance des réseaux affinitaires dans la
construction identitaire des enfants, chacun proposant des formes de féminité et de
masculinité différenciées. Ces modèles sexués, liés en partie à l'appartenance sociale des
élèves, déterminent les types et formes d'interactions entre élèves, certaines étant plus
égalitaires que d'autres, basées sur des interactions langagières ou physiques. Si les travaux
attribuent plutôt les moeurs brutales et l'imposition de rapports asymétriques aux garçons en
général (Brougère, 1999 ; Geay, 2003), elles concernent, dans le contexte étudié, un groupe
d'élèves en particulier, notamment un élève qui cherche à imposer aux autres un modèle de
masculinité de type hégémonique (Connell, 1990). Celle-ci valorise la puissance et la
performance physiques, l'esprit de compétition, la rudesse ou encore l'infériorité des filles et
des autres types de masculinités. Face à ces interactions physiques (et verbales) brutales, les
autres élèves, qu'ils soient garçons ou filles, évitent les confrontations ou tentent d'y résister
pour se positionner parmi les pairs. Ces différentes réactions dépendent en partie de leurs
ressources corporelles via la participation à certaines activités sportives associatives et plus
largement de stratégies éducatives parentales, liées à leur position sociale (Mennesson &
Julhe, 2012). Ce travail met ainsi l'accent sur le rôle de la socialisation corporelle dans les
rapports sociaux de sexe et dans la hiérarchisation des modèles sexués. En effet, si les garçons
qui « créent des histoires » parviennent à dominer la cour de récréation en imposant leurs
moeurs, les filles qui y résistent bénéficient aussi d'une légitimité sociale, combinée à leur
réussite scolaire. Au contraire, les garçons qui « créent des histoires » parviennent à imposer
leur domination au sein de la cour au prix d'un décalage avec les normes comportementales
prônées par l'institution scolaire (Geay, 2000).



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