Violence between students in the learning environment is currently a central preoccupation of both educational institutions and state authorities. The question of violence between students will be apprehended in this symposium through a gendered lens.
3-4 Oct 2013 Lyon (France)

The speakers > Chamberland Line

Friday 4
Invited speakers
Modération: Rommel Mendès-Leite
› 9:00 - 9:40 (40min)
› Amphithéâtre culturel
Violences homophobes et violences liées au genre : comment concevoir et mesurer leur imbrication?
Line Chamberland  1@  
1 : Département de sexologie et titulaire de la Chaire de recherche sur l'homophobie, UQAM,

 

 

Au Québec, tout comme au Canada anglais et aux États-Unis, les recherches sur le climat d'homophobie en milieu scolaire connaissent une large diffusion auprès des institutions et du grand public. Il y est généralement admis que la violence homophobe entre pairs s'exerce non seulement envers ceux et celles qui ne correspondent pas à la norme hétérosexuelle, mais aussi sur la base de la non-conformité de genre, laquelle est interprétée comme un indicateur possible d'homosexualité et sanctionnée à ce titre. L'imbrication entre violences homophobes et violences liées au genre est alors conçue comme une même réponse agressive face à l'homosexualité et face à la dérogation aux modèles de féminité et de masculinité, ou ce que certains appellent l'expression de genre. Une autre voie consiste à examiner les types de violences exercées entre pairs selon le sexe ainsi que le positionnement différent des garçons et des filles comme auteur.e.s ou comme victimes de propos et de gestes violents. Ces divers angles d'approche seront illustrés à partir des résultats d'une étude récente visant à tracer un portrait du climat scolaire relativement à l'homophobie dans des classes de niveau secondaire à partir d'un questionnaire complété par 2675 élèves âgés de 14 à 16 ans. Parmi les raisons pour lesquelles les élèves se font taquiner, insulter ou harceler, la non-conformité de genre se situe au second rang, précédée par les motifs relatifs à l'apparence (poids, taille...) et suivie de l'orientation sexuelle perçue ou attribuée. Garçons et filles participent aux dynamiques de la violence homophobe, mais l'étude révèle quelques différences dans le type de violence exercée ou subie. Ainsi, les garçons sont plus nombreux à injurier, exclure et donner des coups. Ils sont également davantage victimes d'injures alors que les filles subissent plus d'avances hétérosexuelles insistantes. Trois autres recherches menées au Canada et aux États-Unis seront ensuite examinées brièvement afin de mettre en relief leur façon d'articuler et de prendre la mesure des violences homophobes et des violences liées au genre. Dans l'ensemble, ces recherches ont pour mérite de démontrer que la violence homophobe est largement présente en milieu scolaire et qu'elle ne se cantonne pas à une minorité d'élèves gais, lesbiennes, bisexuel.le.s ou en questionnement. Faisant appel à de larges échantillons, elles fournissent des données quantitatives crédibles aux yeux des autorités scolaires et des institutions publiques. Cependant, tout en montrant que les deux phénomènes ne peuvent être dissociés, elles ne permettent pas d'analyser finement les dynamiques interactionnelles où se conjuguent la pression à la conformité de genre et l'imposition d'une norme hétérosexuelle. En outre, elles omettent de considérer certaines violences exercées spécifiquement envers les filles, notamment dans le registre des insultes sexuelles, ainsi que la reproduction des inégalités entre garçons et filles à travers l'exercice de ces violences. En somme, si elles dévoilent certains mécanismes d'imbrication du sexisme et de l'homophobie, elles tendent à diluer l'analyse des rapports de sexe en la réduisant à une question de non-conformité de genre ou de dérogation à l'impératif d'hétéronormativité.


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