Violence between students in the learning environment is currently a central preoccupation of both educational institutions and state authorities. The question of violence between students will be apprehended in this symposium through a gendered lens.
3-4 Oct 2013 Lyon (France)

The speakers > Poutrain Véronique

Thursday 3
1.A. Perceive, measure
Patricia Mercader
› 11:00 - 11:20 (20min)
› H022
Violence et genre à l'école. Ethnographie des faits de violence dans un collège de province.
Véronique Poutrain  1  
1 : Laboratoire GeFem (Genre, Femmes, Méditerranée - UMR Telemme, MMSH Aix-en-Provence)
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L'objectif de cette communication est de décrypter la violence genrée à l'école. Il s'agit de tenter de saisir autant les faits de violence graves, qui font l'objet d'un traitement disciplinaire, que la violence diffuse, mais bien réelle, qui ponctue la vie d'un établissement. Cet article se base sur une enquête participante de type ethnographique dans un collège de province classé en zone d'éducation prioritaire alors que j'occupais un poste de CPE (conseillère principale d'éducation) durant deux années consécutives (de 2008 à 2010).

 

Les recherches en sociologie de l'éducation ont ainsi permis de circonscrire le phénomène de la violence à l'école. On sait, désormais, que la violence, qui n'est pas récente, ne peut se restreindre aux actes de violence physique. Elle est dépendante des valeurs, des codes sociaux et des fragilités personnelles tout comme elle peut s'exercer sans qu'il y ait pour autant délits. Elle est omniprésente au quotidien et se caractérise par la répétition (Debarbieux, 1999). Il importe donc de donner une définition large de la violence et de considérer aussi bien les faits graves de violence que les comportements agressifs répétés. Toutefois, appréhender la question de la violence à partir de la focale du genre est chose d'autant plus difficile qu'il est nécessaire de distinguer les violences dites « explicites » (agressions, attouchements, etc.) des violences sexistes dites « implicites », c'est-à-dire « celles qui relèvent de notre culture, qui sont enracinées dans les représentations séculaires du féminin et du masculin, celles qui véhiculent des stéréotypes (ouvrages, discours, différences d'attitude) d'autant plus accréditées qu'elles sont légitimées par la confiance de principe accordée à l'institution chargée de former et d'instruire » (Belloubet-Frier , Rey F 2002 : 225). A ce titre, la définition proposée par Debarbieux nécessite d'être complétée si nous voulons prendre en compte les violences «implicites» qui ne peuvent émaner d'une simple quantification des faits graves de violence ou des enquêtes de victimisation. De la même manière qu'il est difficile de transposer les théories de production/reproduction des inégalités sociales pour expliquer la production/reproduction des inégalités entre les hommes et les femmes (Duru-Bellat, 2008), il en va de même à propos de la violence abordée à partir de la focale du genre.

 

 

Cette communication, fondée sur une enquête ethnographique menée dans un collège de province se situant dans une ville de l'académie de Strasbourg, se propose de dessiner les contours d'une violence genrée « explicite » et « implicite ». Il s'agira de montrer que les formes de violence sont bien plus multiformes encore que l'on pourrait le croire de prime abord et que la fabrication des normes de genre est elle-même empreinte d'une violence symbolique qui s'exerce sur les filles. Dans un premier temps, nous proposerons une analyse à partir de la quantification des faits de violence en fonction du sexe pour, dans un second temps, à l'aide de données plus qualitatives, appréhender une violence plus insidieuse. La quantification des faits de violence en fonction du sexe fait apparaître une asymétrie sexuée ; l'analyse de données qualitatives permet, quant à elle, d'appréhender une violence symbolique qui s'exerce majoritairement sur les filles.

 

Les différentes manifestations de la violence chez les garçons et les filles ne doivent pas nous conduire à penser que les garçons seraient « naturellement » plus violents que les filles, car chacun est déjà engagé dans la construction d'un rôle social défini et il existe différentes formes de violence et pas seulement les violences déclarées et répertoriées. Pour repérer cette autre violence plus discrète, presque imperceptible par les acteurs eux-mêmes, il est nécessaire de porter son attention sur toutes les formes de violence, qu'elles soient explicites ou implicites. A ce titre, cela implique de considérer les agressions sexistes comme d'authentiques violences. Cette démarche suppose de ne pas s'intéresser à la seule violence répertoriée ou ressentie, mais à mettre aussi l'accent sur des formes de violences plus discrètes et souvent sous-estimées car plus microscopiques ou plus intériorisées. Les enjeux sont majeurs car ne pas les prendre en compte, sous prétexte qu'elles sont difficilement quantifiables, contribue à les banaliser et à les rendre invisibles.

 



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