Plusieurs types de violences entre élèves en milieu scolaire en Côte d'Ivoire connaissent un essor remarquable depuis 1990, année de la naissance de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI). Depuis lors, elles revêtent des formes multiples et s'expriment dans les contextes sociaux complexes. Une des formes de violences liées au fait scolaire qui est abordée dans cette étude est le phénomène du bôro d'enjaillement, une violence qui se pratique par les filles et garçons des collèges et lycées d'Abidjan depuis le début des années 2000.
L'expression bôrô d'enjaillement est un néologisme combinant le mot « bôrô », provenant de la langue dioula de Côte d'Ivoire, qui signifie « sac » et le terme anglais francisé enjoyment, qui veut dire amusement. Le bôro d'enjaillement consiste donc à s'adonner à des acrobaties et autres pas de danse sur le toit d'un bus en mouvement par la recherche de sensations extrêmes. L'une de ses variantes qui fera l'objet de cette étude touche les élèves des collèges et lycées d'Abidjan qui s'affrontent comme dans un tournoi, le plus souvent les vendredis après les cours, pour défendre les couleurs de leurs établissements scolaires. La compréhension des facteurs explicatifs entourant cette violence suppose le choix d'un terrain d'étude assez représentatif. Et le Collège Moderne du Plateau reste un établissement dont on parle régulière en matière de violences scolaires.
L'objectif de cette étude de cas sur le bôro d'enjaillement est comprendre les causes et la signification accordée à cette violence, de relever les facteurs systémiques influant sur la violence chez les garçons et les filles et d'analyser le rôle que joue le groupe dans sa production. Il s'agit enfin de connaître et d'analyser l'efficacité des dispositifs de prise en charge des relations entre élèves, et des réponses institutionnelles et éducatives apportées aux violences de genre.
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