Violence between students in the learning environment is currently a central preoccupation of both educational institutions and state authorities. The question of violence between students will be apprehended in this symposium through a gendered lens.
3-4 Oct 2013 Lyon (France)

The speakers > Mendès-Leite Rommel

Thursday 3
ANR Gender and peer violence, part 2
Patricia Mercader. Avec la participation de Nathalie Richard, Proviseure du LP Louise Labé, et de Colette Ahomlanto, infirmière, Lycée du Parc.
› 16:30 - 16:45 (15min)
› Amphithéâtre culturel
« Cachez ce sein que je ne saurais voir » Les représentations de l'amour, du genre et de la sexualité des élèves d'après les discours des chefs d'établissements
Rommel Mendès-Leite  1@  
1 : Centre Max Weber  (CMW)
Université Lumière Lyon 2

Les discours sur l'amour et la sexualité des élèves nous informent sur les représentations des filles et des garçons dont sont porteurs les chefs d'établissements. Plus précisément, les arguments visant à justifier les dispositions (règlements, sanctions, éducation, explications...) qu'ils prennent en ce qui concerne les manifestations d'attachement, le flirt ou la drague comportent un discours sur ce que sont les jeunes filles et les jeunes garçons, perçus comme fondamentalement différents en ce qui concerne leur rapport aux relations affectives ainsi qu'aux relations de séduction. Les discours recueillis se rejoignent sur l'idée que les filles et les garçons sont différents en ce qui concerne leurs rapports à l'autre sexe, à la sexualité et à l'amour.

Il est important de souligner que les interviewé-e-s insistent sur ce que font les filles. Les attitudes et comportements des garçons ne semblent pas être considérés comme problématiques alors même que les manières d'agir des filles sont évaluées à l'aune des effets qu'elles produisent sur les garçons : ce n'est jamais le garçon qui est incriminé, sont attitude ne semble choquer personne, elle est sans doute perçue comme naturelle pour un homme.

Les discours de nos interviewe-é-s à propos de la masculinité confortent un certain nombre de stéréotypes de genre répandus chez des larges tranches de la population générale. Les discours qui transparaissent sur la masculinité prennent majoritairement appui sur l'idée que les garçons sont « naturellement » versés sur la sexualité et qu'ils ne peuvent résister aux provocations des filles qui les « aguichent ». Ainsi, l'idée que les garçons ne peuvent pas lutter contre les provocations sexuelles des filles est très présente dans les discours, en général, de manière implicite. Ces derniers sont ainsi représentés comme des « victimes, » puisqu'il serait compréhensible qu'ils aient du mal à se tenir devant ces jeunes femmes qui les « aguichaient. »

La mixité renforcerai également le fait que les filles soient tributaires de leur apparence, de leurs relations et du besoin de se sentir aimées, tandis que les garçons ne voient chez les filles qu'une occasion pour des nouvelles conquêtes pour leur « tableau de chasse », ce que viendrai accroître leur prestige. Au-delà des stéréotypes sociaux concernant les différents rôles de genre et la valence différentielle des sexes, c'est qui est surprenant est l'attribution de la source de ces inégalités à l'existence de la mixité dans les établissements éducatifs.

Le principe de l'approche sexuelle, l'approche même de couple est représentée et vécue comme un élément venant perturber le fonctionnement social habituel. La sexualisation des relations entre jeunes gens est perçue comme une source importante de problèmes au sein des établissements. Tout se passe comme si nos interviewés différenciaient le sentiment amoureux de l'attirance sexuelle selon une représentation ordinaire et idéalisée de « l'amour sans sexe. » Ils considèrent que les élèves s'interdisent de moins en moins de s'embrasser, de se toucher ou même de communiquer amoureusement dans l'enceinte de l'établissement, type d'attitude que ne devrait pas exister dans un établissement scolaire.

La vie sexuelle des jeunes gens, telle qu'est est perçue et décrite par nos interlocuteurs, nous met parfois en face d'une réalité très crue, voire même quelquefois presque sordides. Leur sexualité serait « assez brutale et privée de mots », mise en œuvre dans « des conditions assez sordides », avec des insultes plutôt qu'avec tendresse, plutôt dans « une sorte de confrontation ou de défi ».

En filigrane on voit pointer dans ces discours (et peut-être également chez les élèves) des nouveaux stéréotypes de sexe que, même s'ils présentent certaines nuances dues surtout à la valence différentielle des sexes, les sont grosso modo transversaux et se basent sur la violence partagée, surtout verbale. 


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