Dans cette table ronde, nous évoquerons l'intérêt et les difficultés de la méthode ethnographique dans le cadre de l'enquête s'intéressant au genre et à la violence dans les institutions scolaires et éducatives.
L'ethnographe ne peut travailler qu'à partir d'un rôle social accepté par les acteurs : il parle sans parler, son hexis corporel fait que les observés se représentent une certaine image de l'observateur et vont adopter leurs comportements en fonction de ces signes socialement pertinents. L'idée d'un accès direct aux données du terrain peut ainsi se révéler un fantasme : qu'est-ce qu'on observe ? Observe-t-on un certain jeu de rôles mis en scène par des enquêtés se sachant observés ? Peut-on donc faire l'hypothèse que ce que les observés nous donnent à voir c'est ce qu'ils jugent légitimes de nous offrir ?
Cette assignation de la part des enquêtés agit sous forme d'éprouvés subjectifs chez les enquêteurs, éléments qui deviennent partie intégrale des données recueillies. Dans quelle mesure est-ce qu'ils informent l'équipe sur la dynamique du terrain ? En effet, le travail de partage des observations doit être considérée comme l'un des objets de la recherche, non seulement parce que la manière dont elle est traitée par les acteurs du terrain est en soi une information pertinente (Augé, 1994), mais aussi dans la mesure où sa dynamique interne, évidemment dépendante de tout un contexte institutionnel, détermine dans une large mesure les résultats qu'elle peut produire.
L'arrière fond des données est structurée par un double niveau de subjectivité : être perçu influe sur sa perception en tant qu'observateur, et percevoir, c'est déjà interpréter.