Fondé sur une analyse de la littérature, un début de travail de terrain au Bénin (avril 2013) qui sera approfondi en janvier 2014 et l'expérience du projet violence de genre en milieu scolaire (VGMS) au sein de Genre en Action (travail de lobbying et de renforcement des compétences des acteurs de la lutte contre les VGMS en matière de recherche et de collecte de données), cette communication s'inscrira dans des recherches mené dans le cadre du projet de recherche LAM « Géopolitique de l'école en Afrique de l'Ouest ».

La violence de genre en milieu scolaire est comme un « secret de Polychinelle » en Afrique : les différentes parties prenantes du système scolaire s'accordent qu'elle existe, mais elle reste très peu visible. Considéré parfois comme un épiphénomène ou comme un fait « banal », elle est traité comme non-prioritaire dans un contexte où la scolarisation des enfants n'est toujours pas universelle et où la qualité cette scolarisation est fortement en cause aujourd'hui. De surcroît et malgré des engagements pris par les gouvernements des pays de l'Afrique de l'Ouest et du Bénin en particulier, la violence – en général - reste très répandu au milieu scolaire et fait partie des méthodes pédagogiques « normales ».

Mes recherches sur les VGMS se heurtent donc à des problèmes définitionnels que je souhaite explorer et partager dans cette communication.

Le premier axe concerne la position des VGMS dans le chevauchement de thématiques complexes : violences, genre et même milieu scolaire (enceinte de l'école, mais aussi les alentours, le chemin vers l'école, le domicile des enseignants, etc.), avec des sous-catégories qui doivent aussi être délimitées : violences de genre, violences homophobes, violences sexuelles, etc.

Le deuxième axe insiste sur les tensions entre les injonctions – « normes » – en la matière, leur contextualisation et les perceptions des actrices et acteurs concernés, et notamment des élèves, filles et garçons. Les conventions internationales sur les droits des enfants et le genre ainsi que les conditionnalités des financements internationales créent un discours et un cadre législatif et réglementaire qui est souvent très éloigné des réalités de terrain. Les aspects culturels, les pratiques courantes, les attitudes vis-à-vis des rapports de genre, de la sexualité et de la violence pèsent très fortement sur les perceptions de ce qui est considéré comme une violence de genre par les auteurs, les victimes et d'autres parties prenantes.

Concrètement, pour mener des recherches sur les VGMS en Afrique de l'Ouest, ces enjeux complexifient la délimitation précise de l'objet de recherche VGMS. Au-delà des implications pratiques, se posent des questions riches sur le risque d'éthnocentrisme, la posture et le positionnement du ou de la chercheur-e et sur le caractère situé des savoirs générés.