Cette communication aborde la dialectique entre genre et violence à travers une pespective théorique et empirique. Elle se centre plus particulièrement sur les formes de violences entre pairs dans le contexte scolaire.

Afin d'explorer cette problématique, nous nous appuyons d'une part sur une approche interdisciplinaire des mécanismes de rejet qui articule socio-anthropologie, psychologie sociale, sociologie, sciences socio-médicales ainsi que sciences de la communication et du langage (Dayer, 2010, 2012b). Nous nous focalisons plus précisément sur les violences genrées en proposant une architecture conceptuelle fondée sur la triade sexe-genre-sexualité (Dorlin, 2006 ; Fassin, 2009). Nous présentons également une conception de l'éducation qui met l'accent sur les processus de socialisation ainsi que sur les interactions entre pairs et entre pairs et adultes.

D'autre part, nous nous appuyons sur des travaux empiriques (Dayer, 2005, 2012a, sous presse) afin d'identitifier les types de violences en termes de genre qui se jouent entre pairs dans le contexte scolaire. En regard d'une démarche compréhensive et sur la base d'entretiens semi-directifs, nous analysons la façon dont les normes du « masculin » et du « féminin » se reproduisent et la manière dont les violences hétérosexistes marquent la construction identitaire des élèves ainsi que le rapport à soi, à autrui, à l'école et au monde. Le concept d'hétérosexisme permet de mettre en perspective sexisme et homophobie afin de rendre compte du spectre des violences que sous-tend une logique de genre.

Finalement, les instances et les processus éducatifs ne sont pas uniquement interrogés dans leur rôle de reproduction des normes de genre mais sont également envisagés comme une opportunité de réinterrogation de la soi-disant naturalité de ces dernières et comme vecteur d'action pour lutter contre les discriminations. Dans ce sens, les questions de sexisme et d'homophobie sont mise en lien avec la lutte contre le racisme et la xénophobie dans une perspective commune d'éducation à la citoyenneté.

 Différents exemples de plan d'action concernant les violences genrées seront présentés, s'appuyant autant sur les élèves que le personnel éducatif comme personnes ressources. L'objectif de cette contribution vise en effet - en se référant au paradigme de la transaction sociale - à mettre en évidence la dialectique entre des tensions analysées sur un plan intrapersonnel (construction individuelle et intériorisation de stéréotypes de genre), interpersonnel (groupe de pairs, interactions avec les adultes), institutionnel (établissement scolaire, direction) et sociétal (remise en question des normes genrées en vigueur).