Notre communication traitera de la perception de la violence chez des adolescentes et adolescents en France à Strasbourg et en Algérie à Constantine en prenant en compte la variable genre et les normes sexuelles et familiales qui s'inscrivent dans un contexte culturel particulier. C'est l'approche compréhensive en éducation comparée qui est utilisée, c'est-à-dire une approche où la comparaison ne consiste pas en des descriptions et prescriptions mais en une compréhension des acteurs et leurs comportements (Malet, 2005 ; Regnault, 2013).
De nos jours, la question de la violence scolaire prend, et continue à prendre, une place de plus en plus importante dans notre vie quotidienne. Des recherches internationales, en particulier en Amérique du Nord (Kann et al., 1995), révèlent que ce phénomène est fortement genré, avec une prédominance des garçons sur les filles tant comme auteurs que comme victimes , ce qui perturbe énormément la relation pédagogique et éducative au sein de l'école.
En France et en Algérie, en dépit du retard en matière de pénétration du concept de genre dans le champ scientifique, les enquêtes de victimation effectuées par Debarbieux (UNICEF, 2011) et par Ghedir (2013) ont montré l'existence d'une violence sexuée au sein des établissements scolaires français et algériens. Quelle est la réalité de cette violence ? Comment expliquer une telle asymétrie sexuée ? Et au-delà de celle-ci, quel est le rôle éventuel de l'école dans le développement des violences sexistes ?
Partant de ces questions préoccupantes, la présente recherche se propose de contribuer à une meilleure compréhension du phénomène de violence sexiste. L'enjeu est de saisir comment, et sous quelles formes, celui-ci se produit au sein des établissements scolaires.
Au carrefour des enjeux liés à la nature biologique qui pourraient conditionner les comportements des garçons et des filles au moment de leur construction identitaire et pubertaire, au vécu familial de ceux-ci (absence d'un modèle d'identification, conformité aux attentes des parents), au contexte scolaire (rapport à l'autorité, hostilité à tout système de discrimination positive) et à la situation socio-économique de leurs familles, ce phénomène
se caractérisent par son inscription dans une tendance comportementale plus générale et à des références culturelles fondant des différenciations entre les hommes et les femmes.
Sur le plan méthodologique, la population ciblée est l'adolescente et l'adolescent en collège (11-15 ans). Une étude a déjà été menée en Algérie (Ghedir, 2013) où, à travers une démarche qualitative, des représentations de quelques violences sexistes ont été recueillies et une analyse de contenu catégorielle sera réalisée afin d'extraire la dimension genre et culture. Outre cet aspect, cette recherche tentera de dégager quelques pistes de réflexion autour d'une recherche plus approfondie sur le lien entre l'école et leurs manifestations (de quoi ?), dans le souci de démontrer l'influence du contexte scolaire sur les postures de socialisations (relégations, réponses, violences extra-scolaires, expressions collectives).
Concernant la France, des entretiens seront réalisés dans des collèges strasbourgeois avec la grille d'entretien utilisée en Algérie afin de respecter la comparabilité méthodologique.
- Presentation