Cette communication expose deux portraits de garçons se référant à des modèles de
masculinité dominante ou « hégémonique » (Connell. R, 1995) mais privilégiant différents
registres d'interactions. Nous analyserons les formes de violence mobilisées par les uns et les
autres dans l'institution scolaire, ainsi que leur effet sur la construction du genre. Les données
ont été recueillies à partir d'observations ethnographiques, réalisées dans une école
aveyronnaise, auprès d'une même classe en CM1 puis en CM2. Elles s'intègrent à un projet
ANR intitulé « Prescription des normes, socialisation corporelle et construction du genre »
chez les enfants.
Dominer l'espace de la cour de récréation et de la classe, constitue pour ces élèves -
souhaitant préserver ou conquérir un statut dominant - un enjeu dans la construction de leur
masculinité. Cependant, ne disposant pas des mêmes ressources dispositionnelles, ils adoptent
des comportements différenciés et plus ou moins ajustés aux exigences scolaires.
Les « compétiteurs », des garçons issus des classes moyennes à favorisées, sportifs et
performants scolairement, sont dotés d'une certaine légitimité auprès de leur pairs. Les
« combattants », originaires des milieux populaires, sportifs comme les premiers, mais peu
performants scolairement, sont quand à eux à la recherche de légitimité.
Les « compétiteurs » privilégient la violence « symbolique », tandis que les « combattants »,
en réponse à cette violence perçue, favorisent l'usage de la violence physique, ou verbale pour
préserver leur face et atténuer le préjudice subi. L'étude mettra ainsi en évidence comment le
rapport aux normes scolaires agie sur les comportements de l'enfant et sur la construction du
genre.
- Presentation