Violence between students in the learning environment is currently a central preoccupation of both educational institutions and state authorities. The question of violence between students will be apprehended in this symposium through a gendered lens.
3-4 Oct 2013 Lyon (France)
Friday 4
3.A. Body and gender, sexuality at the core
Natacha Carbonne
› 11:40 - 12:00 (20min)
› H020
Violences de genre dans les formations scolaires masculines. La centralité du corps dans la normativité de genre et de sexualité
Julie Thomas  1, *  
1 : Laboratoire SANTESIH, EA 4614), Université Montpellier 1
*
* : Corresponding author

A partir d'un terrain composé d'observations pendant un an en lycée professionnel et de quelques mois dans deux lycées polyvalents, d'entretiens ethnographiques avec les adultes et les jeunes des lycées, et d'entretiens de récits de vie avec vingt et unes jeunes filles insérées dans des filières comprenant peu de filles (moins de 30%), je montrerai combien le corps est central dans la normativité de genre et de sexualité se déployant de manière particulièrement soutenue dans les filières techniques industrielles.

Malgré l'apparente transgression à l'ordre de genre que constitue la présence de ces filles dans des filières « de garçons », les institutions scolaires observées – via les interactions s'y déroulant et les « genderismes institutionnels » (Goffman, 2002) – contribuent le plus généralement à pérenniser la hiérarchie entre les catégories du masculin et du féminin, pensés généralement comme binaires et homogènes. Dans les interactions, cette transgression semble toujours lue de manière hétéronormative, que leur apparence soit considérée comme (trop) « masculine » ou « féminine » par l'entourage scolaire. Il est reproché – par les élèves garçons mais aussi par les encadrants, parfois de manière ouverte –, aux unes « l'impossibilité » de pouvoir poser un regard érotisant sur leur corps (selon les conceptions normatives de la beauté féminine en vigueur dans ces espaces), aux autres justement ce regard érotisant (la faute leur revient alors si des violences s'exercent sur elles). Certaines autres enquêtées tentent de se rendre invisibles en « neutralisant » les aspects féminins de leur apparence, finalement pour que la sexualité sorte du cadre des interactions, sans pour autant y parvenir réellement. La structuration des institutions scolaires enquêtées ne permet pas de diminuer les contraintes de genre et de sexualité qui s'exercent sur les élèves, filles mais aussi garçons, voire contribue fortement à l'organiser.

Les normes de genre et de sexualité qui s'observent dans ces contextes scolaires masculins contraignent alors les manières de se présenter corporellement, d'agir, et de ce fait même de penser, de l'ensemble des jeunes filles investissant une filière « atypique » pour leur catégorie de sexe. Mais l'accomplissement du genre dépend également de l'état des rapports sociaux de sexe dans les contextes scolaires investis. Les espaces scolaires de « relégation sociale » se révèlent les plus violemment normatifs du point de vue du genre/de la sexualité, envers les filles comme les garçons entre eux.


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