Depuis plusieurs années, la lutte contre l'homophobie et la promotion de l'égalité entre les filles et les garçons constituent un engagement affiché de l'éducation nationale. Quand on parle de violences à l'école, on pense systématiquement à celles exercées par les élèves entre eux ou envers la communauté éducative. Les violences sont fréquemment engendrées par les actions discriminatoires. Or, les normes communes, les stéréotypes et les préjugés sont socialement construites par les individus dans un contexte social défini (Leyens et Bourhis, 1999 ; Leyens, Yzerbyt et Schadron, 1996). La logique discriminatoire liée au sexe, à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre est une construction sociale qui fige les possibilités d'agir des individus (Sidanius, Pratto & Bobo, 1999). Cette considération amène à concevoir l'hétérosexualité comme norme dominante de notre système social fondée sur la binarité et la complémentarité des sexes, leur hiérarchisation dans les valeurs véhiculées par la société patriarcale. Or, l'hétéronormativité est également portée par les actrices et acteurs de l'institution scolaire. C'est à partir de cette norme que l'on se propose de considérer l'homophobie en milieu scolaire. En raison de « l'indifférence aux différences » (Bourdieu, 1966), les enseignant-e-s ont peu conscience des violences genrées. De surcroît celles à caractère homophobes relayées largement par la société toute entière (Tin, 2003).
Cette communication propose d'envisager les pratiques de différent-e-s acteurs et actrices du système scolaire en rendant compte de propos d'élèves et d'enseignant-e-s, mais aussi de l'institution elle-même en associant des travaux de recherche dans le cadre d'actions de prévention de la délégation ministérielle en charge de la prévention et de lutte contre les violences.
A partir d'entretiens menés dans un lycée général et professionnel en milieu « ordinaire »[1] à propos des violences, du sexisme et de l'homophobie dans leur établissement et des statistiques relevées par l'institution concernant ces phénomènes et celles des associations spécialisées, nous mettrons en exergue le besoin de sensibilisation des équipes et les réponses apportées par l'institution et leurs impacts.
Bibliographie :
Bourdieu, P. (1966). L'école conservatrice. Les inégalités devant l'école et devant la culture. Revue française de sociologie, 7 (3), 325-347.
Bourhis, R.Y., Leyens, J.P., (1999). Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes,
Lièges : Mardaga.
Leyens, J.-P., Yzerbyt, V., Schadron, G. (1996). Stéréotypes et cognition sociale. Lièges: Mardaga.
Sidanius, J., Pratto, F. & Bobo, L. (1994): Social dominance orientation and the political psychology of gender: A case of invariance? Journal of Personality and Social Psychology, 67 (6), 998-1011.
Tin, L-G. (2003). Dictionnaire de l'homophobie. Paris : PUF
[1] E = 80 élèves, 6 enseignant-e-s, 1 CPE et l'infirmièr-e scolaire et les Inspecteur-ice-s d'une académie et les infirmier-s scolaires de 2 académies (N= 127).