Les dispositifs de prise en charge des déviances féminines et masculines dans l'enseignement agricole sont structurés par les représentations dominantes fondées sur la norme d'intégration différenciée des filles et des garçons dans les espaces de formation mixtes et non mixtes. Ces référentiels articulent plusieurs niveaux de perceptions qui correspondent aux processus de hiérarchisation, de normalisation et de marginalisation des discriminations et des violences liées au genre. Cette communication propose une analyse des décalages entre les diagnostics et les orientations effectuées par les acteurs institutionnels − et les expériences des élèves qui sont déterminées par le jeu complexe des conditions de formation et de socialisation. Une première partie sera consacrée à l'étude des différences dans l'appréhension des déviances féminines et masculines, et de l'incidence des catégorisations de genre dans l'ajustement des logiques institutionnelles. Nous analyserons ensuite les expériences des discriminations et des violences liées au genre des filles et des garçons situés dans des formations professionnelles mixtes et non mixtes, ainsi que leurs perceptions des dispositifs de prise en charge des relations entre élèves à la lumière de leurs situations et de leurs vécus. Cette approche comparative permettra d'appréhender la manière dont les déviances féminines et masculines sont produites, reproduites et potentiellement remises en cause quand l'ordre de genre perd son unité et de son ancienne légitimé.
Cette communication s'appuie sur des enquêtes sociologiques réalisées auprès des élèves de l'enseignement agricole dans le cadre d'un Doctorat sur la féminisation des formations professionnelles et d'une recherche post-doctorante qui constitue une contribution à l'évaluation des dispositifs publics pour l'égalité des chances. Articulées autour d'une problématique qui prend en compte la consubstantialité du genre (Kergoat, 2000) et les différentes dimensions de ce système (structurelle, symbolique, identitaire) dans l'étude des modes de socialisation et de scolarisation, ces recherches mobilisent des méthodologies qualitatives et quantitatives.