Violence between students in the learning environment is currently a central preoccupation of both educational institutions and state authorities. The question of violence between students will be apprehended in this symposium through a gendered lens.
3-4 Oct 2013 Lyon (France)
Thursday 3
ANR Gender and peer violence, part 2
Patricia Mercader. Avec la participation de Nathalie Richard, Proviseure du LP Louise Labé, et de Colette Ahomlanto, infirmière, Lycée du Parc.
› 16:45 - 17:00 (15min)
› Amphithéâtre culturel
L'institution face aux violences de genre entre élèves, ou de quoi l'enfer scolaire est pavé!
Patricia Mercader  1@  
1 : Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)  -  Website
Université Lumière - Lyon II : EA653
Université Lumière-Lyon 2 Avenue Pierre Mendès-France 69676 Bron Cedex -  France

Tous les acteurs de l'institution, du plus haut niveau (les pouvoirs publics, les chefs d'établissement...) au plus proche des élèves (les assistants d'éducation, les enseignants...) s'inquiètent des violences entre élèves en général, et des violences liées au genre en particulier, du moins quand ces violences liées au genre sont extrêmes (viol...), quand elle relèvent de ce que les chefs d'établissement désignent souvent comme "culture" différentes (le contrôle des filles arabes par leurs frères, par exemple) ou quand elles conduisent à des conflits ouverts, des exclusions manifestes, des "dérapages" en somme pour reprendre le mot couramment utilisé.

Cette inquiétude vive et sincère conduit à prendre des mesures diverses, dans une perspective de prévention, de remédiation, ou de sanction selon les cas. On verra comment les chefs d'établissement conçoivent leur action en la matière, et comment au quotidien une certaine éducation à l'égalité entre les sexes ou plus précisément au "respect" (terme polysémique et omniprésent...) est mise en place.

Néanmoins, ce qui domine au quotidien, c'est que les adultes de l'institution, bien loin d'agir "en fonctionnaires", attitude totalement irréaliste qui leur est prescrite d'en haut, agissent comme ils peuvent, en humains, dans l'instant, "avec leurs tripes" pour reprendre l'expression de l'une d'entre eux. Et dans ces interactions spontanées, à leur insu et en dépit de leurs meilleures intentions, ils se rendent souvent complices, non pas à proprement parler des violences de genre entre élèves, mais plutôt du système qui fait le terreau de ces violences, les rend possible et les justifie. Cette complicité involontaire se manifeste essentiellement dans deux attitudes apparemment contradictoires entre elles:

— d'un côté, une massive identification aux garçons rend parfois les filles invisibles, comme dans cette scène observée dans un collège en banlieue pauvre : "Un élève va voir une surveillante en tenant avec force deux filles par le cou et avec un air triomphant dit : « Elles sont pas belles mes deux femmes ?! ». Les deux filles cherchent à se débattre, leurs corps se plient sous la force du garçon. La surveillante répond : « Oh oui, dis donc, tu en as de la chance ! »"

— mais en même temps, c'est sur les filles que se porte principalement ll'attention des adultes, que ce soit pour attribuer à leur présence et à leur attitude la sexualisation des relations entre élèves, ou pour les faire juges du caractère acceptable ou inacceptable d'un comportement. Par exemple, les chefs d'établissement qui disent:

"quand j'ai réglé le problème, je vous disais, des, des garçons qui tapaient sur les filles, j'ai essayé de voir si ils se chamaillaient par rapport à l'adolescence et à la séduction, ou si elles... Et du coup, donc quand on a vérifié, nous on a estimé que non, il y avait pas de rapport de séduction, les filles, elles se déclaraient comme étant des victimes."

ou bien

On a eu un garçon, bon qui s'est permis, mais sur le mode, alors dit-il, sur le mode de la plaisanterie, un petit attouchement, par exemple. Et qui a provoqué, une baffe de la part... Une réaction assez immédiate de la part de la fille. Bon, il lui a mis la main aux fesses, pour être, pour être clair. Bon lui, c'était, c'était vraiment sur le mode du, de la relation... comment dire, de camaraderie. Bon, la fille, elle l'a pas du tout mis sur ce registre-là. Mais ça a été assez, assez clair. Je veux dire, bon après, on s'est expliqué. Mais bon, elle l'a, elle l'a, elle lui a foutu une baffe en retour, ce qui peut être, certainement, il l'avait mérité, mais... 

 


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