Le langage ordurier et les insultes peuvent être lus comme une manière pour les élèves de traiter psychiquement les mouvements pulsionnels et la crise identitaire de l'adolescence. Ils font partie pour nous de ce traitement identitaire et narcissique que ces adolescents mettent en scène(Goffman) dans la dimension prégnante du regard dans ce lieu de tensions, de défi et de séduction où sont convoquées à la fois les figures du féminin et celles du masculin mais aussi celles du « frère » comme double spéculaire tendant le miroir de son être et celles de l'autre différent intrus ou persécuteur.

Nous proposons de montrer comment le recours aux stéréotypes de genre peut s'interpréter comme mécanisme de défense contre l'angoisse de castration mais aussi comme tentative de solution de la crise identitaire et narcissique de la puberté par le recours à une « certitude » représentée par l'ancrage stéréotypique : il s'agit de consolider une identité fragile en l'étayant sur des traits identificatoires considérés comme évidents et partagés par le groupe d'affiliation.